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Sépànd Danesh naît en 1984 à Téhéran alors que l’Iran est en conflit avec l’Irak. Sa famille quitte le pays pour la France lorsqu’il a 11 ans. De son enfance, il évoque une école stricte, des professeurs aux punitions humiliantes, la crainte d’aller au coin. À l’adolescence il se sent exclu et construit ses relations avec d’autres enfants issus de l’immigration, «une communauté de destins dans l’exclusion». Afin de l’aider dans l’apprentissage du français, sa mère l’incite à recopier des romans, mot pour mot, dans de petits carnets. Une pratique que l’on retrouve dans sa production artistique lorsqu’il recopie Proust, directement sur le livre, entre les lignes. Parmi ses premières productions on retrouve également une autre pratique obsessionnelle : de méthodiques dessins quotidiens, toujours de format 3 x 3 cm et regroupés sur des feuilles A4. Ils représentaient des objets divers, une façon pour l’artiste de substituer les mots qui lui manquaient.
En 2014 son atelier brûle. Il redémarre son activité en se concentrant sur la pratique de la peinture et d’un thème principal, le coin. Si le coin peut évoquer la crainte de la punition, le fait d’être exclu tout en étant présent, il l’envisage plutôt comme un moyen de laisser son esprit s’évader. Lorsque le corps est coincé, l’imagination peut démarrer. Ses tableaux évoquent l’inverse du concept de tableau «fenêtre ouverte sur le monde» mais, bien qu’ils présentent une perspective fermée, l’illusion d’enfermement ne fonctionne pas. En effet, la facture imparfaite et les lignes dessinant plusieurs points de fuite font partiellement s’effondrer les contrats picturaux de l’illusion de la représentation et de la fabrication de la perspective. Que reste-t-il alors ? Le choix de plonger dans ses propres souvenirs, notamment inspirés par le revêtement mural daté. Le choix de se laisser aspirer par la verticalité de la ligne dessinant le coin. Le choix d’accrocher son regard au seul élément qui semble stable dans le tableau c’est-à-dire l’étagère et la collection d’objets que l’artiste y dispose. Parmi ceux-ci, il y a souvent des récurrences : cadre, tableau, plaque de bois ou de verre, planche, instruments de mesure, modèles réduits d’architectures… laissant le doute sur leur nature de ruines ou de matériaux d’un monde à construire.
Notice FRAC Poitou-Charentes/HD
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Sépànd Danesh
Né en 1984 à Téhéran (Iran).
Vit entre Paris et Bruxelles.
Mélancolie II
2015
huile, spray et acrylique sur toile
140 x 200 cm
acquisition 2016 | à la galerie Backslash, Paris
n° inv. 016.4.1
Collection FRAC Poitou-Charentes
visuel : ©Sépànd Danesh/Backslash galerie
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