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Avec l’impertinence et l’humour qui le caractérise, Bertrand Lavier situe lui-même son travail : « à mi-chemin entre le supermarché et le musée ». Deux panneaux peints en rouge et juxtaposés : Rouge géranium par Duco et Ripolin (1974), un réfrigérateur posé sur un coffre-fort : Brandt/ Haffner (1984), une Alfa Roméo accidentée : Giullietta (1993) : les titres énoncent le procédé ainsi que la provenance ou la marque des objets que les œuvres ne dissimulent jamais, bien au contraire. Au départ produits de série ordinaires, ces objets sont (une fois choisis par l’artiste) : transposés, superposés, soclés, ou repeints. Leur mise à l’épreuve se fait uniquement par l’entremise de ces gestes simples et extrêmement radicaux, gestes qui pourraient sembler « faciles », s’ils ne s’inscrivaient rigoureusement en regard des pratiques historiques fondamentales de la sculpture, de la peinture et des enjeux de monstration de l’art aujourd’hui. Chaque « Lavier » teste ainsi - et se joue de - notre capacité à le percevoir, à l’envisager autrement, notamment à travers la charge émotive qu’il dégage, les rêveries ou réflexions qu’il suscite. Dans cette rencontre d’un objet et de sa représentation, Bertrand Lavier brouille définitivement les définitions et les catégories esthétiques établies. Jouant sur l’illusion, il entretient délibérément et habilement la confusion, l’œuvre Rue Louise Weiss n°11 (1998) est-elle un écran ou une fenêtre, une image ou une peinture ? Qu’y a-t-il derrière la peinture ? Y a-t-il autre chose à voir que de la peinture ? Cette photographie de vitrine passée au blanc d’Espagne, scannée sur toile et tendue sur châssis est à la fois une peinture, une image et une représentation (et aussi une représentation de la peinture), manière pour Bertrand Lavier d’interroger notre relation à l’art, sa nature, son langage, ses formes comme ses enjeux. Notice : FRAC PC |
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