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"Filmer ou photographier dans les lieux de passage entre l'Égypte et Gaza est interdit. Le manque d'images conséquent au fait précité est mis en exergue dans cette vidéo par le montage : des images fixes prises hâtivement, irrégulièrement ponctuées d'espaces vides (noirs), apparaissent sous forme de diaporama, la seule dimension sonore étant le bruit d'un projecteur diapo. Pour tout dénouement, une unique séquence en mouvement (ralenti). Transit, réalisée en septembre 2004, reflète les conditions de la difficile, voire de l'impossible, mobilité des Palestiniens aujourd'hui.

En effet, depuis quelques années, et surtout depuis le déclenchement de la seconde Intifada en 2001, Rafah est la seule voie d'entrée ou de sortie du territoire pour les Gazaouis. Dès l'arrivée à l'aéroport du Caire, les hommes voyageant seuls, non autorisés à se déplacer librement en Égypte, sont extraits de l'ensemble des passagers et gardés sous surveillance dans des locaux au sous-sol de l'aéroport jusqu'au matin, heure du départ d'un car escorté à destination de la « frontière » palestinienne sous contrôle égypto-israélien. Après presque six heures, les Palestiniens rejoignent les hommes et les femmes (tous âges confondus) et les enfants qui attendent déjà à Rafah. Le nombre d'entrées par jour étant arbitrairement limité par les forces israéliennes, les voyageurs s'entassent côté égyptien de la frontière. Alors commence l'attente qui peut durer d'une journée à des semaines parfois... Les conditions dans ce port terrestre sont difficiles surtout pendant l'été (chaleur, fatigue, humiliation, conditions d'hygiène très précaires, etc.).

Transit s'inscrit dans une réflexion que je mène depuis 1997 sur les notions de déplacement et de voyage, involontaire ou volontaire. Je m'intéresse tout particulièrement à la situation d'entre-deux : entre-deux identitaire, entre-deux culturel... Sans titre (valise(s) et sable), (1998), Une fenêtre en voyage (1999). Enregistrement du déplacement saccadé (ralenti) d'un ferry  chargé de voyageurs à travers l'écran de ma caméra : Départ (2003). Apparaissant et disparaissant depuis et dans un fond blanc saturé, sans repères géographiques de lieu de partance ou de destination autre que le son de la mer, les silhouettes floues des voyageurs flottent en plein « non lieu ». Suspension de la vie, situation de méditation, incertitude de l'origine et du « devenir ». Puis Transit . Plus localisée, la vidéo Transit correspond, en quelques sortes, à un travail de contre-information sur la frontière égypto-israélo-palestinienne, Rafah, très peu médiatisée à l'échelle globale et à la une de l'actualité à l'échelle locale. Vidéaste non autorisé, voyageur parmi les voyageurs, je me distingue du photojournaliste ou du photoreporter travaillant pour un pouvoir ou une idéologie. Le travail de montage des images fixes maladroitement cadrées, qui se succèdent lentement, et où rien ne se passe, que l'attente des voyageurs, contrecarre aussi l'événement « spectacularisé » généralement traqué par les émissaires des mass media . Néanmoins, de l'intérieur, je tente de documenter une actualité, celle des Palestiniens (et des autres) qui tentent quotidiennement de passer une frontière rendue hermétique par la puissance d'un contrôle militaire."

Taysir Batniji, 2004
Texte mis en forme par Sophie Jaulmes

 

Historique
Restauration

 


Taysir Batniji

Né en 1966 à Gaza.
Vit entre la France et la Palestine.

 

 

 

TAYSIR BATNIJI

TAYSIR BATNIJI

Transit

2004

vidéo, format 4/3, son, 6'32''
ed.3/5 + 1EA

acquisition 2016 | à l'artiste

n° inv. 016.5.1

Collection FRAC Poitou-Charentes
Photo ©Taysir Batniji | Paris, ADAGP

 

 

 
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