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Purgatoire (2 personnages à réactiver) (1991) se décompose en deux moments, en deux états de l’œuvre. Les photographies cibachromes présentées dans l’exposition constituent la référence, le mode d’emploi à suivre pour réaliser un dispositif, une mise en scène. Sur chaque, figure un personnage : un noyé sur un banc, un motard accidenté au sol. Le jour du vernissage de chaque exposition de ces photographies, les deux personnages sont réactivés : ils reprennent vie, incarnés par deux acteurs impassibles qui interprêtent ces représentations de la mort. Ils conjuguent ainsi deux paradoxes mythiques : l’incarnation de l’œuvre d’art en tant que sculpture vivante (tel Frankenstein ? le Golum ?) et la réification de l’être humain (Actéon, Blanche-Neige, la Belle au Bois Dormant…) à travers la performance de l’acteur qui, bien vivant, doit simuler la mort. Surprenant nos habitudes contemplatives avec ses personnages mi-hommes, mi-œuvres, l’artiste interroge la frontière parfois mince qui sépare la réalité de la fiction et joue sur une possible interactivité entre le spectateur et l’œuvre d’art. Les expositions, le jour suivant le vernissage, conservent la trace de ces personnages par la photographie cibachrome, version latente et documentaire de l’œuvre Purgatoire ainsi réactivée.
Dans un premier temps de son travail (à travers la série bien connue des « Personnages à réactiver »), Pierre Joseph soulevait la question de l’interaction possible entre le spectateur et l’œuvre dans l’exposition, interrogeant les codes culturels et les relations du spectateur au musée, mais aussi le statut de l’œuvre d’art.
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